(2012) Ema, responsable du foyer Malo'ia - 19 septembre 2012

Ema connait L’Arche depuis 10 ans, aujourd’hui responsable du grand foyer de la communauté de Blagnac, Ema est salariée de L’Arche en Pays Toulousain.

Ema, comment as-tu connu L’Arche ?
Je suis de Wallis et Futuna et je suis passée à Lourdes en 2001 lors de ma venue en France pour les JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse). Le prêtre qui accompagnait mon groupe nous a donné un prospectus proposant à des jeunes venant de tous pays de venir vivre 9 mois à Lourdes à l’école de l’Evangile, en lien avec les sanctuaires. Alors, j’ai dit « Oui, pourquoi pas ? » ! En 2001, je suis donc arrivée à Lourdes pour 9 mois, et ma première rencontre avec L’Arche a eu lieu lors d’un pèlerinage « Foi et Lumière » et Arche. Lors de ces moments partagés, j’ai rencontré un groupe de la communauté de Cuise la Motte dans l’Oise.
Claire de Miribelle m’a parlé de L’Arche et m’a dit que je pouvais venir à Cuise passer un temps dans la communauté. J’ai terminé mes 9 mois à Lourdes puis je suis allée à la découverte de la communauté de Cuise. Au départ je ne me suis engagée que pour un an et cette 1ère année a été très riche pour moi, j’ai beaucoup aimé, j’ai alors décidé de continuer une 2ème année et... je suis encore là.
Je suis restée avec un statut de volontaire pendant 2 ans, et ensuite pour pouvoir continuer, il faut devenir salarié. J’ai fait une demande à la communauté et cela s’est ainsi fait. A partir de ma troisième année, j’ai commencé une formation d’AMP (Aide Médico Psychologique) proposée par L’Arche. Je l’ai terminée en 2005.

Quand tu es passée du statut de volontaire à celui de salariée, cela a-t-il changé quelque chose ?
Oui, car on m’a en même temps proposé de devenir responsable de foyer. J’ai alors dû changer de foyer, je suis arrivée au foyer de la Semence (Maison d’Accueil Spécialisée) où l’on accueille des personnes poly-handicapées. J’étais inquiète de cette nouvelle responsabilité, j’avais un peu peur. Cela m’a fait évoluer au niveau professionnel mais surtout au niveau des relations avec les personnes avec un handicap. La relation est devenue plus privilégiée, la confiance s’est instaurée de façon plus profonde.

Pourquoi ?
Peut-être parce que j’ai été nommée par la communauté de L’Arche et parce que j’étais engagée pour plus longtemps qu’en tant que volontaire.

Avant ton séjour à Lourdes, tu connaissais le handicap ?
Oui car à Wallis et Futuna, je travaillais dans une association pour les personnes autistes, je visitais des familles. On passait des journées avec les personnes mais il n’y avait pas d’institution.

Quelles sont pour toi les spécificités de L’Arche par rapport à ce que tu as vécu à Lourdes ?
A Lourdes, j’avais découvert la vie communautaire avec mon petit groupe, donc, quand je suis arrivée à L’Arche, je connaissais un peu ce que c’est la communauté. La spécificité de l’Arche pour moi, c’est vraiment la vie ensemble, « le vivre avec », avec les personnes avec un handicap. Ce côté de la relation avec chacun et les liens que l’on crée sont vraiment prédominants. Il y a des moments de joie, des moments de crises, des moments difficiles, mais c’est tellement intense et riche !

Quitter ta communauté de Cuise pour venir ici, cela t’a été proposé ?
J’aime beaucoup ma communauté de Cuise la Motte, j’y suis très attachée mais après 10 ans, j’avais aussi envie de découvrir autre chose. Alors, quand j’ai appris la fondation de la communauté de Toulouse, j’ai demandé à venir. Être au démarrage d’un nouveau foyer, cela me tentait vraiment. Quand tu arrives dans une communauté qui existe depuis longtemps, les repères sont déjà là pour tous. Quand je suis arrivée à Cuise, la communauté existait depuis presque 40 ans, ça « tournait » bien ! Ici, tout est à créer avec l’expérience que chacun apporte.

Ça fait un mois déjà que tu es là, as-tu l’impression que quelque chose s’est déjà créé ?
Ce n’est pas une impression, je suis émerveillée par les nouveaux liens qui se sont créés, par les attitudes des personnes accueillies et des volontaires qui sont arrivés, personne ne se connaissait ! On est dans une étape d’apprivoisement, on se découvre tous, tout est nouveau pour chacun. Il y a une différence entre le jour où je suis arrivée il y a un mois et aujourd’hui...il y avait de la neige, de la boue, il faisait très froid et je me suis dit « Oh mon Dieu ! Je suis dans le Nord ou quoi ? » Il n’y avait pas d’eau, pas de chauffage et maintenant il y a tout, il y a de la vie, il y a une bonne ambiance, il fait beau et chaud (NDLR : notre interview se déroule le 28 mars, à l’ombre car il fait 25° !).Je trouve que ça se fait dans la douceur et c’est extraordinaire.

La vie ici ressemble-t-elle à la vie dans ton précédent foyer ?
Le rythme est vraiment différent de celui de « mon ancien foyer», on ne mangeait pas tous ensemble le midi comme ici, nous les assistants, nous préparions le déjeuner et nous mangions dans notre foyer. Ici, on ne cuisine pas le midi, on se retrouve tous au restaurant de la communauté et c’est vraiment sympa. En plus, on mange bien ! J’aime le fait de se retrouver le midi, il n’y a pas de stress, tout est calme et on prend le temps de profiter. L’autre différence importante quant au rythme, tient au fait que cette communauté de Toulouse est vraiment jeune alors qu’à Cuise, les personnes étaient vieillissantes, la plupart restaient dans le foyer toute la journée.

Être responsable de foyer, qu’est ce pour toi ?
Le plus important pour moi dans cette responsabilité c’est faire en sorte que chaque personne qui vit dans le foyer se sente bien, se sente chez elle. L’autre chose importante est de donner du sens à ce que l’on vit au le quotidien et aux évènements particulier, tout en veillant à la qualité de la dynamique communautaire.

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